Rencontre de l'aube [PV Quorra]

Kaeru porta son regard autours d’elle. Mais où était-elle?
Tandis qu’elle parcourait les méandres du monde imaginaire qui était le sien, ses pas avaient fini par la perdre. L’établissement était plutôt loin derrière elle, plus ou moins camouflé par les quelques arbres tapissant ici et là la lande recouverte d’un mince tapis d’un blanc poudreux. La jeune fille aurait facilement pus retourner d’où elle venait mais les alentours lui semblaient agréables, reposant. Le silence était tel que l’on entendait le vent caresser les branches dégarnies des arbres et agiter la neige sur le sol. Dans l’aube, le calme était complet.
Son visage se tourna vers le ciel qui était d’une étrange teinte… vomi de chat. Une délicate tonalité de saumon brunâtre. Étonnement, c’était plutôt joli. Aucun nuage n’obstruait cette si ragoutante nuance de rose. Bref, ce matin-là était… exquis.

Notre jeune grenouille marchait lentement dans le calme hivernal. Il faut dire qu’aux petites heures du matin, il est difficile d’être très réveillé. Quoiqu’avec Kaeru, tout est possible. L’adolescente frissonnait à peine dans les brises froides. Pas étonnant, après tout elle s’était bien équipée pour ne pas avoir à se préoccuper du froid. Elle arborait un long manteau d’un bleu étincelant, qui aurait put être plutôt classe si des caches-oreilles d’un rose fluo et une paire de bottines d’un vert aussi vif que sa chevelure ne venaient pas gâcher la vue.
Il est vrai qu’une question se pose; mais que fait une jeune fille de 17 printemps aux environs de quatre heures du matin dans un endroit aussi louche?
Si cette phrase vous est passé par la tête, j’en déduis que vous n’avez jamais croisé la japonaise à l’œuvre. C’est une personne plutôt… excentrique. Un personnage qui ne trouve pas du tout étrange de faire le mur à deux heures pour une raison aussi bonne que de vouloir aller se rouler dans cette neige si blanche, fraichement tombée. Bref, après d’être enduite bien comme il faut de cette poudre immaculée, elle avait suivit un animal dans un fossé, avait joué à cache-cache avec un moineau et avait même tenté de faire pousser un pissenlit dans cette neige qui était franchement trop blanche. Peine perdue, la terre était complètement gelée. Pour fini, notre grenouille avait suivit un cours d’eau, curieuse de savoir jusqu’ou cela allait la mener.

Les pas s’enfilaient les uns après les autres, laissant un motif profond derrière eux, souillant ce paysage si parfait. La jeune fille n’était pas si loin de l’école, à peine quelques trente minutes de marche, mais pourtant, elle flânait depuis bientôt une heure sur la piste de la source d’eau. Pas étonnant, quand on la voit s’arrêter sans cesse, tantôt pour se laisser tomber dans la neige, tantôt pour avaler un ou deux flocons qui passait par là. Bref, elle était plutôt calme.
Le silence était parfois brisé par un gloussement, un fredonnement, quelques paroles lancées dans le vide.

Elle était complètement étendue dans la neige quand un son arriva jusqu’à ses oreilles. Quelqu’un. Quelqu’un était là. Elle ouvrit les yeux. Non, si quelqu’un venait, ce n’était plus amusant. Les gens étaient tellement rabat-joies… Pourtant, elle ne bougea pas d’un centime, espérant presque, dans l’absurdité qui était la sienne, que, si personne il y avait, celle-ci ne la voie pas. Inutile, bien entendu. Surtout que le pouce d’eau gelée n’arrivait même pas à camoufler ne serait-ce que la moitié de son corps et que ses vêtements voyants se voyaient énormément dans le paysage pâle du petit matin.