Il ne comprenait vraiment, mais vraiment rien à tout ce qui arrivait autour de lui. Pour commencer, cette chaussure maléfique qui était parvenue à toucher la cible de l’autre alors qu’il ne le visait même pas, et pour continuer, cette histoire d’être quitte. De quoi, c’était pas comme s’il avait fait exprès de s’aplatir par terre à cause de ses cordons possédés! Sauf que l’autre ne l’avait pas entendu de cette manière, et que lui, même avec la lumière de ses souliers et beaucoup de chance, il n’avait évité le boomerang que de peu, et maintenant, c’était à ses côtes qu’il avait mal. Quel sauvage! Il se frotta es cotes en grimaçant, presque plié en deux sur le coup de la douleur. Si ça continuait comme ça, il allait finir par voir des étoiles et s’en serait finit de lui. L’idée, aussi! Heureusement que le créateur de ce jeu n’avait pas décidé d’y ajouter des armes tranchantes, quand même; il se serait prit une hémorragie. Et comme il n’y avait pas de lumière, c’est pas comme si les autres s’en serait rendu compte. Il grogna, plus pour la forme que pour vraiment protester devant cette marque de violence –avant l’habitude, avec le temps, et ce n’était vraiment pas son genre de riposter. Parce que c’était puéril, à quelque part. Si tu veux pas qu’on te fasse quelque chose, fait le pas! C’était pas lui qui avait attaqué en premier, et surtout, c’était pas lui qui l’avait fait de manière préméditée. Il n’avait même pas de vraie arme, c’était pour dire. Sauf que ça, il préférait ne pas le dire à l’autre, parce qu’il s’arrangerait certainement pour lui faire la peau sans plus de considérations.

- J'ai une proposition pour toi : on ne s'attaque plus tant que la fille n'est pas éliminée et je n'attaquerai pas non plus ton ami, avait dit le sosie lointain d’Isaak.

Oh la grosse merde, se dit Russell en ouvrant des yeux trop ronds pour être réels, d’où est-ce qu’il sait qu’on est amis tous les deux? Et surtout, comment il a fait pour savoir qu’on s’était alliés? Pourtant, je suis bien certain que personne n’a remarqué qu’on ne s’attaquait pas, et surtout, qu’on s’était parlé au tout début. Peut-être que c’est parce que je lui ai fait un câlin au début en pensant que c’était Isaak? Rah! C’est trop la merde…

Il essaya de rectifier le coup, plus ou moins habillement, certes, mais c’était tout ce qu’il pouvait faire pour protéger Isaak. Et pour ne pas se laisser atteindre par ce genre de chantage –bien qu’il eut l’air tout à fait convaincu de ce qu’il avançait. Parce que si lui se laissait avoir, c’était Isaak qui allait en souffrir, et il n’osait même pas imaginer le temps qu’il allait passer à se faire casser les oreilles si l’autre n’avait que l’ombre d’un bleu sur sa peau parfaitement blanche.

-Quoi? Tu veux parler de ce gamin avec le bandeau sur l’œil? fit-il le plus niaiseusement du monde, se retournant sur le dos pour regarder Thanatos. Enfin –c’était bien lui, non? Il n’arrivait plus à le voir depuis qu’il lui avait rendu sa chaussure, qui avait roulée sur le sol. J’en ai rien à faire, de lui. Et puis, je ne l’ai même pas vu depuis qu’on s’est croisée la dernière fois : de ce que j’en sais, il a peut-être trébuché et pleure dans un coin sombre. Rien à faire des petits gars dans son genre; c’est même pas du sport de leur courir après. T’as déjà essayé de faire tomber ses cahiers? Il est tellement débile qu’il est du genre à ne même pas les ramasser avant de continuer son chemin.

Et c’est ce qui fait qu’il est tellement, tellement craquant! Et on dit pas débile, mais bien inébranlable, pensa-t-il. Sauf que ça, il ne le dira pas à voix haute, et sa tirade serait presque convaincante. Oh; en fait, il éprouvait bien de la honte à dire des trucs aussi horrible, mais il avait l’habitude de jouer le mauvais garçon. Avec plus ou moins de succès, certes, mais quand même.

Mais je veux que lorsqu'elle sera éliminée, on fasse un combat loyal en un contre un contre soit toi ou ton ami...

-Mais puisque je viens de te dire que c’est pas mon pote! s’emporta Russell, indigné que l’on prête aussi peu de foie à ses paroles. Et puis quoi, tu trouves que c’est loyal toi, un combat entre un mec avec un boomerang édition limité d’Ocarina of Time contre un autre qui a une chaussure toute banale qui peut même pas…

Il ravala sa salive. Non; valait mieux ne pas lui dire qu’il n’avait pas d’arme. Il avait faillit laisser sa langue glisser, mais l’avait retenu au bon moment. Un peu plus et il… valait mieux ne pas y penser. Il se redressa, se retrouvant debout à quelques centimètres de l’autre : il pouvait le sentir au son que leur cible avait fait en s’entrechoquant. Il recula d’un pas, essayant de le toiser malgré la pénombre. C’était peine perdu : on n’y voyait vraiment pas devant soi avec tout ça. Comment est-ce que les autres faisaient pour s’orienter? Son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsqu’il repensa à la chaussure qui était maintenant en liberté, tapie dans l’ombre. Attendait-elle qu’il fasse un mouvement pour étirer ses lacets, le faisant trébucher dans l’ombre? Et s’il se prenait le coin d’un instrument quelconque dans la tempe et qu’il mourrait bêtement, comme ça? Et soudainement, il n’eu plus du tout envie de laisser l’autre partir et de rester seul ici; aussi porta-t-il une attention toute particulière au reste de ce que l’autre avait à dire. Qui sait; peut-être avait-il vraiment quelque chose de pertinent à dire.

- Bien sur, si tu n'es pas d'accord, ou si tu veux mettre des conditions, tu le peux, avait continué l’autre.

Bravo, le géni, pesta Russell. C’est moi, ou il écoute vraiment pas ce que je lui dis? Non mais, les jeunes de nos jours devraient vraiment apprendre à avoir plus de respect pour leurs aînés. Mais au moins, on peut dire qu’il est insistant et qu’il a de la suite dans les idées, le petit. Il ne peut pas être bien méchant, non? Et en plus, le pauvre, il s’est totalement fait rouler par l’autre fille de tout à l’heure. J’ose même pas penser à ce que ça aurait pu donner s’il avait vraiment essayé de lui échanger son arme. Probablement que l’on serait déjà tous morts. C’est quoi, je dois le remercier pour ce sacrifice? Pas question; après, il va croire que je lui dois quelque chose.

-Qu’est-ce que tu comprends pas dans la phrase «j’en ai rien à faire?» le gronda Russell en reculant doucement, histoire de ne pas foncer dans un obstacle quelconque. Je vais certainement pas mettre mes propres conditions sur un truc que j’accepte pas, ducon! Non mais, c’est quoi ce délire? Et puis aussi, je te ferais remarquer qu’à tellement vouloir t’associer avec les autres, tu donnes vraiment l’impression que dans le fond, c’est toi qui a le plus à gagner à cette alliance, malgré tout ce que tu peux bien dire sur le fait que tu fasses ça pour les autres. Et si moi je suis mauvais pour mentir, toi, tu es vraiment mauvais pour dire la vérité.

Il laissa ses yeux glisser sur le sol alors que son pied sans chaussure cherchait à tâtons autour de lui. Elle ne pouvait pas être tombée bien loin sa chaussure, non? Plus il y pensait, et plus il espérait qu’elle n’était pas vraiment démoniaque. Peut-être qu’elle s’en prendrait à l’autre avant de s’en prendre à lui? Après tout, c’était l’autre qu’avait déposé sur ses genoux. Peut-être n’aimera-t-elle pas se faire traiter comme un objet inférieur par le jeune garçon? Sauf qu’en même temps, c’était lui qui se l’était mis au pied. Avec un peu de chance, elle serait attirée par l’odeur de ses chaussettes et essaierait de s’en prendre à son pied droit –et avec ça, il en profiterait pour la jeter sur l’autre. Dans la confusion, il était certain que la chaussure ne ferait pas la différence et le ralentirait un peu pendant que lui cherchait Isaak. Il était inquiet; cela faisait longtemps qu’il n’avait pas entendu parler de lui. Et l’autre fille, dans tout ça, elle était où?

Et j'allais oublier, je m'appelle Thanatos.

-Quoi? fit Russell, surpris. T’as des pertes de mémoire chroniques, en plus? Des plans pour que je t’aide et qu’après tu te souveinne même plus de ce que l’on avait…

Bravo l’idiot, bien joué, se rabourra-t-il mentalement. Il voulait dire qu’il avait oublié de se présenter, pas qu’il avait oublié son nom. Mais faut-tu pas être imbécile pour pas faire la différence!

-Moi c’est Russell, se coupa-t-il lui-même en lui serrant énergiquement la main –ou plutôt, le poignet, parce que je vous rappelle qu’il fait noir et qu’il aurait, d'ailleurs, pu tomber sur bien pire-, signe d’une vieille éducation qui l’obligeait à se montrer poli lorsqu’on l’était avec lui. Russell Fletcher. Je viens du Wessex –c’est ça le petit accent un peu troublant.

Il lui lâcha la main, se raclant la gorge, mal à l’aise. Après tout, il trouvait troublant de faire des salutations mondaines dans ce genre d’endroit, dans ce genre de situation. Et en plus, il avait été passablement grossier quelques instants plus tôt. Difficile de faire plus girouette, il fallait bien se l’avouer, mais il fallait dire que depuis son arrivée ici, il n’était plus tout à fait lui-même, et il fallait dire que son arrivée ici commençait à remonter à longtemps. Déjà un an! Comme quoi, parfois, ça ne prend pas grand-chose pour changer les gens. Ou bien était-ce simplement qu’il avait toujours été comme ça, sans jamais vouloir le montrer? Il frissonna, trouvant que cette idée était plus que dérangeante. Non : il était ce qu’il voulait être, et il ne voulait pas être malpoli. Il faisait juste comme si. Ce n’était pas comme dans cette histoire de grimace où elle reste prit sur votre visage si un coup de vent passe, n’est-ce pas? Il prendrait bien garde à ne pas avoir ce genre de comportement trop près d’une fenêtre, à l’avenir. Ne sait-on jamais. Son attention fut détournée par un coup de fusil à peinture qui fut porté un peu plus loin. Et ce qui le troubla le plus, c’est le fait que cette balle de peinture, peu importe sa cible, n’était aucunement dirigée vers eux. Est-ce que c’était une balle perdue, ou est-ce qu’Isaak avait trouvé la petite fille? Ou pire encore; est-ce que c’était elle qui l’avait trouvé? Il devait pourtant être bien caché, s’il avait suivit ses indications. Dans ce noir total, comme avait-elle fait pour le retrouver alors qu’il n’avait pas fait de bruit pour indiquer sa position? C’était vraiment pas de bol; alors que lui attirait l’attention, personne ne venait vers lui, et l’autre, il faisait pas un bruit et il avait réussi à attirer l’autre. C’était vraiment n’importe quoi, ce truc.

-Pas que je n’aime pas notre conversation, fit Russell en parvenant enfin à localiser son soulier diabolique, mais on dirait qu’il y a de l’action un peu plus loin, et moi, j’ai bien envie d’aller voir ce qui se passe…

Il cala la chaussure bien sous son bras qui ne l’élançait pas, espérant ainsi contenir les futurs assauts qu’elle tenterait de mener contre lui. Il tourna le dos au jeune homme sans plus de cérémonie et tapota le dessous de la semelle, éclairant faiblement la salle autour de lui. Et là, il entendit un autre bruit; quelqu’un qui courait, un peu en surplomb d’eux. Il n’osa pas bouger pendant un moment. Est-ce que c’était Isaak? Est-ce que c’était l’autre qui reculait sous la force de son assaut? Il espérait bien que c’était la deuxième option –de penser à son Isaak qui se défendait fièrement, ça lui faisait chaud au cœur. Un sourire presque paternel –dieu que c’est mal- se dessina sur ses lèvres alors qu’il y pensait. Sauf que voilà : comme il n’entendait aucune voix, il n’avait aucune manière de savoir qui au juste était en train de courir. Et déjà, le bruit était moins clair de là où il était. Il fit distraitement signe à l’autre de le suivre, ne se retournant même pas pour voir si, oui ou non, l’autre l’avait bien suivit. Pour ce que ça lui faisait; au pire, il n’en serait débarrassé que plus facilement. Et soudainement, le bruit recommença; il arrivait rapidement dans leur direction, sans soucis de subtilité et sans égard pour ce qui l’entourait, à en juger par le boucan qui l’accompagnait. Il fit bien attention de cacher son soulier, inquiet de ce qui pouvait bien leur foncer dessus.

Et tout ça pour rien parce que peu importe ce qui se dirigeait sur eux finit, au final, par lui rentrer dedans, ravivant la douleur de l’ecchymose qu’il avait au flan. Il eu tout d’abord le réflexe de repousser la chose qui venait de lui rentrer dedans, avant de se rendre compte qu’il était fermement enfermé dans la poigne de deux petits bras. Ce qui, au final, ne lui indiquait aucunement qui au juste lui faisait cette étreinte. Et si c’était un plan de l’ennemi pour mieux l’attaquer dans le dos? Il sentit que l’autre relevait la tête, marmonnant faiblement quelque chose. C’était Isaak? La petite voix d’écureuil qui lui parvint aux oreilles vint éliminer toutes ses interrogations : il laissa ses mains glisser sur le visage d’Isaak, content de voir qu’il n’avait pas l’air si mal en point, à défaut d’autre chose. Ce faisant, il échappa toutefois sa chaussure, qui se remis à clignoter en signe de protestation –de quel droit il la laissait tomber comme ça, de toute manière? Ingrat! Il ne s’en préoccupa pas, déposant un baiser chaste sur les lèvres d’Isaak comme seule réponse. Ce qu’il était content de le voir! Les problèmes que sa présence causait reviendraient plus tard; pour le moment, il était juste content de le voir.

-Hey! Pourquoi ça goûte l’orange? protesta Russell, jaloux parce que lui, il n’avait pas pensé à s’amener à manger, et il commençait à avoir vraiment faim. À force de courir un peu partout et de se faire frapper, aussi, il fallait dire que son énergie baissait assez rapidement. Mais ce n’était pas le moment de baisser les bras; il aurait l’occasion de manger à sa faim après le bataille royale. Sauf que du coup, il était un peu irrité que son copain lui rappelle qu’il avait faim. De tous ceux qui étaient autour d’eux, pourquoi il fallait que ça vienne de lui? Ça lui semblait presque être une traitrise, rendu là. Tu vas bien, poussin? Si t’es là, c’Est bien parce que l’autre t’as retrouvé, c’est ça?

Oui, ça n’avait pas duré bien longtemps; toutes ses inquiétudes étaient revenues au galop. Il fallait absolument qu’il cache Isaak et s’occupe de cette petite peste. Sauf qu’en même temps, c’était normal que l’autre se fasse trouver : c’était un jeu, tout ça, et il ne fallait pas l’oublier. C’était qu’il était trop sérieux, aussi : un jour, ça le perdrait. Mais en même temps, c’était quoi les chances qu’ils tombent dans la même équipe? Maintenant, il allait assumer. Il se dit un instant qu’il y avait une chance que l’autre ne se soit pas allié avec la fille, finalement; contre eux deux, Isaak n’aurait probablement pas été capable de s’enfuir.

Oh. Fût sa seule pensée alors qu’il se souvenait de la présece de de l’autre, pas loin d’eux.

-C’est malin, Isaak! s’étouffa-t-il en le serrant tout de même un peu plus fort, s’arrangeant pour que la cible du dos de son ami ne fasse pas face à l’autre –une mesure de précaution. Maintenant, l’autre, il voudra pas me croire quand je lui dis qu’on ne fait pas équipe ensemble. J’ai l’air de quoi, maintenant? Pourquoi, ouais, pourquoi est-ce qu’il faut toujours que les gens prouvent que j’ai tort lorsque je mens?

Il ne fallait pas se méprendre; il se lamentait plus pour la forme que parce que ça le dérangeait vraiment. Et puis, de parler pour ne rien dire, au moins, ça lui permettait de gagner du temps, temps qu’il pouvait utiliser pour penser à un plan plus concret que de s’enfuir pour sauver sa peau cible. Et en plus, ça lui mettait la pression d’avoir à s’occuper de la sécurité de la cible d’Isaak en même temps que de la sienne –mais ça, valait mieux ne pas le dire à l’autre s’il ne voulait pas se faire dire qu’il n’avait pas à s’en occuper. Sauf qu’en même temps, un Isaak qui a peur, c’est mignon. Parce que c’était quand même rare qu’il avait le droit à des câlins gratuits, après tout, alors valait mieux essayer d’en profiter un peu plus avant que ça ne finisse par s’envoler.

-Bon, c’est pas grave… se reprit-il en lui ébouriffant les cheveux. Est-ce que tu sais si la fille t’as suivis? Et aussi, c’était bien parce que la fille au rouleau de papier de toilette t’as trouvé que tu es sortit de ta cachette? En tout cas, continua-t-il en le félicitant, tu peux être fier de toi; de ce que j’en sais, toutes tes balles ont fait mouche! T’as vraiment trop de veine, tu sais. Sauf que notre chance va peut-être tourner si on reste ici, enfin, tu vois ce que je veux dire… et aussi, ton arme est vraiment inconfortable, ajouta-t-il après réflexion, un bout de l’arme n’arrêtant pas de se renfoncer dans sa jambe. Je suis déjà assez amoché comme ça, pas besoin d’en rajouter tu sais…

Parce que oui, le fait d’être dans un jeu vraiment stupide ne l’empêchait pas de la taquiner un peu, quand même. C’était une obligation et un devoir, devoir qu’il remplissait avec la plus grande joie. Il s’attendait à ce qu’Isaak le rabroue, mais rien –ou plutôt, il n’en eu pas l’occasion. Apparemment, l’autre petite avait profité du fait que personne ne s’occupait d’elle pour se préparer un joli petit discours, sa voix emplissant la salle, comme si elle en était la reine; à bien y penser, peut-être que ce n’était qu’un effet d’écho, ou, même, que c’était du au fait qu’elle était en surplomb : en tout cas, l’effet fut immédiat, et toute l’attention –du moins la sienne- fut tournée vers la petite voix qui crachait son venin.

Mais oui, c’est ça! se dit Russell, elle est restée là où Isaak était caché avant; au moins, il y a ça d’éclaircit. Tant qu’elle y reste, elle ne pourra pas nous atteindre, pas vrai? Ah! Alors il ne nous reste plus qu’à nous occuper de l’autre débile, et après, avec Isaak, on pourra la rejoindre facilement, vu qu’il va…

Il jeta un regard en coin à la petite chose qui était encore coincée dans son étreinte. Il y avait une faille majeur dans son plan, là tout de suite.

Ouais non, clairement qu’il se souvient pas de l’emplacement de sa cachette….

- Vous êtes tous que des putains de cons! avait criée la petite. C’est qu’elle avait du cran!

-Surveille ton langage jeune fille! lui avait répliqué Russell après un moment d’hésitation, pointant son poing vers le vide où elle devait se trouver.

Il avait faillit ajouter un «celui qui le dit, celui qui l’est», mais après réflexion, ça ne faisait vraiment pas adulte, même pour lui. Et qu’est-ce qu’elle essayait d’accomplir, au juste, en leur lançant des invectives? Pas comme si lui était du genre à répondre à ce genre de provocation, non plus, et Isaak encore moins; il allait probablement dire que le seul con ici c’était lui –Russell- et ce serait finit. Quant à Thanatos, il avait quand même l’air d’un garçon un pu plus réfléchit que ça, quand même –pauvre de lui : il était certainement tombé sur la pire équipe en la matière. Restait plus qu’à espérer qu’il ne serait pas traumatisé à vie, avec une seule envie : quitter cet endroit maudit. Pas qu’il ne pouvait pas totalement le comprendre, ce pauvre Thanatos; c’était plutôt que ce serait vraiment dommage, étant donné qu’il n’y avait vraiment aucun moyen de quitter cet endroit. En tout cas, lui n’en avait pas trouvé, du moins. Mais n’y avait-il pas des élèves qui étaient là au début de l’année et qu’il n’avait pas vu depuis? Il y avait bien cet intello, là, Abi quelque chose… et Ziel, aussi; depuis leur cours de Géographie, il ne l’avait pas revu. Est-ce qu’ils avaient réussis à partir, ou étaient-ils retenus prisonniers par le créateur fou de cette école? Il irait voir ça plus profondément lorsqu’il serait sortit d’ici –et, de préférence, après les vacances d’hiver, parce qu’il sentait qu’il allait être vraiment crevé en sortant d’ici. Il se tourna, se détachant enfin d’Isaak pour faire face à Thanatos : ce qui, tout compte fait, n’était pas facile à faire dans ce noir total.

-Ok, petit… Eum, Thanatos, c’est ça? lâcha Russell en mettant sa main droite sur sa hanche à la Horatio. T’avais raison sur un point : Isaak et moi, on fait effectivement équipe pour éliminer les autres… mais tu te rends compte que si on s’allie avec toi, on va avoir un problème sérieux : il ne peut pas rester trois survivants à la fin. Juste un. Et ton histoire de duel, je la sens pas du tout. Qu’est-ce qui me prouve que c’est pas juste un plan que tu as monté avec la blonde pour nous éliminer et voler l’arme d’Isaak? Pas que je crois nécessairement que tu sois un vilain garnement, mais bon : je veux que tu te mettes à ma place et que tu comprennes pourquoi j’ai de la difficulté à te faire confiance. Et puis, il y a ça aussi; si on fait équipe ensemble, ça implique que l’on doit se faire confiance. Et après, c’est quoi, tu t’attends à ce que j’élimine quelqu’un en qui j’ai confiance? Pas que je crois nécessairement que je vais réussir à t’éliminer –vu l’arme que t’as, j’en doutes, en fait-, mais le fait est qu’après, il va falloir qu’on se batte avec la conviction qu’on a tous deux le même genre de chance. Parce que ouais, t’as bien compris; pas question que tu fasses un duel avec Isaak. Ce sera avec moi, et personne d’autre. Non mais, c’est quoi l’idée, de penser que je vais te laisser te battre avec quelqu’un de plus petit que toi! Faut vraiment être qu’un gamin pour penser que…

Il s’arrêta pour reprendre son souffle, réalisant qu’il s’était laissé un peu trop emporter dans son monologue.

- Eum, désolé, c’était pas vraiment ce que je voulais dire, mais tu comprends l’idée générale, non?

Restait plus qu’à espérer qu’il était effectivement assez mature pour comprendre ce qu’il y avait à comprendre. Ce n’était pas une histoire de faire confiance à l’autre ou non : c’était juste que ça dépassait complètement Russell, voilà tout. Qu’est-ce que l’autre avait à gagner, dans cette histoire? N’était-il pas plus pertinent pour lui de chercher à s’attaquer à lui et Isaak en espérant que l’autre fille, de son côté, en ferait de même, l’aidant sans le savoir? Si l’autre fille mourait, ses chances de gagner contre eux devenaient très minces, presque qu’inexistantes. Il y avait toujours la chance qu’il réussisse à en éliminer un des deux lors d duel… et après? Il faudrait aussi qu’il réussisse à passer par-dessus l’autre, en étant déjà affaiblit. Et si Russell savait qu’il ne pouvait pas lui enlever des points, l’autre ne le savait pas et devait y avoir pensé, non? Parce que d’affronter Isaak avec son arme de la mort qui tue fort alors que l’on est affaiblit au niveau des points, c’est pas une bonne idée quoi. Et en vérité, c’était pire; il aurait tout ses points, c’était vrai, mais il serait bien, bien plus fatigué; Russell en ferait son affaire. Et s’il n’était pas à bout de souffle lorsque Russell serait éliminé, ce serait qu’il avait totalement échoué! Et à ce moment là, il devrait remettre tout sa confiance en Isaak pour éliminer l’autre –ou pas. Mais c’était que l’arme de l’autre faisait mal, et il ne voulait pas qu'Isaak se le mange en pleine tronche.

Des pas de souris le firent sursauter, le tirant de sa rêverie. Il donna un coup sur la chaussure qui était par terre, faisant ressortir les petites lumières; Isaak était toujours à ses côtés, et Thanatos se tenait devant lui. Il ne restait pas un million de choix dans ce cas : ce devait être la fille. Enfin; il aurait bien pu mettre le blâme sur sa chaussure si elle n’avait pas été en train de les illuminer en ce moment. Apparemment, elle s’était calmée, ce qui lui faisait bien plaisir –mais ne lui permettait en aucun cas de baisser sa garde. Il ne savait pas si elle n’était plus possédée ou si elle faisait simplement le mort pour mieux l’étrangler par la suite. Il fit signe aux autres de ne pas faire de bruit, mettant son index devant ses lèvres. Le tintement qu’ils entendaient par secousse le troubla, aux premiers abords; puis, avec un peu de réflexion, il se souvint avoir entendu ce bruit, ce genre de grattement, un peu plus tôt dans la journée. Et quelque chose lui disait que c’était un bruit que lui seul pouvait reconnaître –mais qu’est-ce que ça pouvait bien être? Et soudain, ça le frappa : les miroirs. En Théorie, il était le seul qui les avait manipulés, non? Mais qu’est-ce qu’elle faisait à ne pas rester cacher? N’avait-elle pas dit qu’elle les attendait de pied ferme? Au final, la petite demoiselle n’avait pas du être très patiente. Ce qui, au final, était déconcertant, mais loin d’être inattendu. Qu’arriverait-il si, en fait, elle était en train de préparer un piège? Trop de questions et, malheureusement, pas beaucoup de façons d’y répondre : il fallait aller voir. Mais pas sans en avoir discuté un peu avant, quand même. Tant qu’à avoir l’autre collé aux basquettes, autant en profiter.

-Vous entendez ça? murmura Russell en se penchant légèrement, c’est du verre qui se fend… apparemment, notre joli demoiselle a décidée de partir de sa cage. J’espère quand même qu’elle ne va pas se couper sur le verre que j’ai laissé trainer par terre; on l’entend marcher dedans depuis tout à l’heure. Enfin, plus depuis un moment, mais vous voyez ce que je veux dire…

Il arrêta de parler, troublé de voir la lumière de la cible de son copain clignoter un moment, signe, habituellement, du fait que quelqu’un avait touché sa cible. Ouvrant les yeux bien ronds, il l’attrapa par le collet, le mettant derrière lui pour vérifier la cible de son dos. Quelque chose semblait y être prit, et lorsqu’il l’eut fait bouger, tomba par terre dans un petit tic sonore. En se penchant pour l’attraper, il fut surpris de remarquer un morceau de papier de toilette. Elle avait réussie à activer la cible d’Isaak aussi facilement? Bah alors –elle n’avait qu’à trouver un système de ventilation et y jeter des bouts de papier, dans ce cas! C’était quoi cette connerie? Il attrapa rageusement le bout de papier, lâchant momentanément l’objet quelques secondes plus tard.

-C’est quoi encore ce truc cheaté? s’exclama Russell en mettant deux doigts dans sa bouche, quelques gouttes de sang coulant déjà de l’intérieur de son index et de son pouce. Mais elle est complètement folle cette fille! ajouta-t-il en retirant le morceau de verre qui était enveloppé dans le papier de toilette. C’est quoi, elle trouvait que ton bandeau sur l’œil droit était mignon, alors elle s’est dit que ce serait plus joli si t’avais la paire, c’est ça? Non mais –elle est inconsciente, ou quoi? T’imagines si ça n’avait pas atterrit sur ta cible?

C’était le genre de truc qui le mettait hors de lui. C’était un jeu, et elle, elle faisait des trucs inconsidérés –qui pouvaient vraiment blesser les autres. Thanatos avait beau frapper fort, il ne lui avait jamais fait plus qu’un bleu. Un sale bleu, mais rien de plus. Isaak n’envoyait pas ses balles dans le visage des gens, non plus! Et lui… n’était pas vraiment menaçant dès le départ, alors valait mieux ne pas en parler. C’était pas interdit, ce qu’elle faisait? Il avait bien envi de croiser un arbitre ou quelque chose du genre pour lui dire sa manière de penser et exiger qu’elle se fasse disqualifier. Sauf qu’il savait très bien que dans cette école, il n’y avait qu’une seule manière d’obtenir quelque chose : de le faire soi-même. Il brandit le bout de verre dans l’air devant lui avant de l’envelopper du papier de toilette et de le mettre dans sa poche. C’était à ça que son piège avait servit? Parfait.

-Hey, Thanatos –finalement, oublie tout ce que je t’ai dit. On fait équipe et on va aller la démolir tout en douceur, fit Russell, remettant sa chaussure. Isaak, tu peux m’aider à l’attacher? J’arrive pas à l’attacher assez serré à cause de mon bras, merci.

Ça, et il tremblait un peu, beaucoup. Il avait peur, vraiment peur, et il se sentait légèrement fébrile. Lui, il était fait pour se bercer au bord du feu de bois avec trois-quatre petits-enfants, pas pour avancer dans le noir en espérant que des folles n’arriveraient pas à les rendre borgne. Ou aveugles, pour ceux qui l’étaient déjà. Une fois que cela fut fait, il plongea un moment son regard dans le noir des yeux d’Isaak, comme s’il cherchait son approbation pour quelque chose.

-Thanatos, voilà le plan : on s’occupe de la fille, et après, tu faits ton duel avec moi, et c’est tout. C’est comme tu le voulais, mais, continua-t-il, ne souhaitant pas lui céder toute la victoire, avant, je veux que tu fasse un truc pour moi. Je te laisse la garde d’Isaak; on va se séparer en deux groupes. Je suis beaucoup trop visible avec ce soulier maudit, de toute manière. Alors voilà ce que tu vas faire : je veux que tu arrives à trouver une autre cachette pour Isaak, pour commencer. Et en même temps, tous les deux, on va essayer de trouver l’emplacement de l’autre. Si je la trouve avant, c’est facile : je vais lui donner un bon coup de soulier, lui faire un sermon –pas dans cet ordre, évidemment- et vous allez pouvoir voir son emplacement. Et si c’Est toi qui trouve en premier… bah, lâche un cri et je vais arriver en deux temps trois mouvements.

Il donna une petite tape dans le dos d’Isaak pour lui donner courage, grimaçant toutefois lorsqu’il sentit sa main cogner contre la cible. Et sous ses doigts, il pouvait même sentir l’accro qui avait été fait par l’éclat de verre –avec quelle force l’avait-elle lancé?

-Mais avant, terminant Russell, hésitant, si jamais j’entends quelque chose qui me laisse supposer que tu as fait quoique ce soit à Isaak, je laisse tomber la fille et je viens t’éclater sans me soucier de ta cible, c’est comprit?

Oui, il devait vraiment arrêter de se la jouer; c’était mauvais pour son karma, de un, et de deux, le rendu ne devait pas avoir l’air aussi convainquant qu’il essayait de le laisser paraître. Il inclina légèrement la tête, comme s’il demandait aux deux autres de l’excuser –surtout Isaak, en fait, puisqu’il ne lui laissait pas vraiment le choix dans cette histoire- et fit une accolademanly à l’autre pour sceller leur entente. Il ébouriffa les cheveux d’Isaak avant de lâcher un «sur ce…» et de s’apprêter à partir dans la direction d’où il croyait que la tireuse faisait rage –mais son mouvement fut interrompu par une voix grave, trop grave. Il y avait quelqu’un d’autre dans la pièce? Le grésillement qui accompagnait la voix, toutefois, leur indiqua qu’il s’agissait d’un acteur extérieur. Qu’est-ce qu’il voulait?

- Ce message est à l'attention des élèves suivants : Isaak Nilsson et Russell Fletcher. Je vous prie de jouer à un jeu avec moi. Les règles sont simples : le premier de vous deux à attaquer l'autre sera épargné. L'autre perdra 5PV. Si aucun de vous n'attaque, vous perdrez tous les deux 20PV. Vous disposez de cinq minutes, faites vite !

-Non mais, de quoi je me mèle, siffla Russell, vraiment, mais vraiment exécdé. Pourquoi tout le monde était au courant de cette histoire de couple –et voulait absolument s’arranger pour qu’ils fassent comme s’ils ne se connaissaient pas. Hey le vieux! Je vous dis comment faire vos règles, moi? Non! Alors vennez pas me dire comment les appliquer, ‘ci bien! C’est quoi, vous prenez pas assez votre pied en ce moment, avec cette folle qui lance de la vitre, il faudrait en plus qu’on se concentre à votre propre amusement débile? Bah vous savez quoi?

Il se tourna vers Isaak, lui faisant signe de lui tirer dans le dos –et de faire attention de ne pas en mettre dans ses cheveux, de cette peinture collante. Il se tourna en fermant les yeux –simple réflexe- et tiqua légèrement en sentant la substance mi-liquide, mi-solide frapper sa cible et s’étendre tout autour.

-J’espère que ce manque de drame vous déçoit! conclu-t-il en souriant méchamment, soufflant un petit baiser vers Isaak en clignant de l’œil. C’était pas comme si cinq points en moins allaient vraiment l’arrêter, de toute manière, et il trouvait ça sérieusement puéril.

Il quitta les deux autres après une petite courbette, s’éloignant en se demandant comment l’autre faisait pour les voir dans cette pénombre. Et d’ailleurs –il y avait quelqu’un qui les regardait? Est-ce qu’il y avait des caméras ou quelque chose come ça? Où étaient-elles? Et aussi, il commençait à se demander si tout le reste de l’école pouvait les voir. Pas que ça le dérangeait vraiment, mais il n’était pas certain c’être vraiment prêt à ce que toute l’école soit au courant qu’il sortait avec Isaak. Ce n’était pas quelque chose qu’il cachait, mais de là à le crier sur tous les toits –il y avait un monde de différence. Il soupira, ralentissant le pas lorsqu’il fût certain d’être suffisamment loin des deux autres pour ne pas se faire voir d’eux. Et là, il se laissa glisser un moment sur le sol, se couchant sur le dos. Ça comptait comme de cacher sa cible, ça? Il espérait bien que non. Il avait besoin de souffler –depuis tantôt qu’il parlait, parlait, parlait, mais son côté l’élançait d’une douleur sourde. Une chose était certaine : si Thanatos n’était pas déjà dans le club de sport, il devait absolument le recruter! Il ferait un malheur dans la plupart des disciplines, c’était certain, même s’il avait l’air si peu musclé. Oh, pas que lui l’était vraiment, non plus, mais il lui semblait que l’autre était bien plus athlète que lui. Il roula sur son côté qui ne lui faisait pas mal –ce qui, tout compte fait, était difficile, puisque cela impliquait de rouler sur le bras qui lui faisait mal. Il était pas très avancé, là : comment est-ce qu’il allait pouvoir protéger Isaak et trouver la fille s’il ne se relevait pas bientôt? Il laissa son regard couler vers les quelques objets dont l’ombre se dessinait devant lui, n’arrivant pas à réfléchir. Avec un peu de chance, Thanatos arriverait à trouver Ashleight avant lui. Ça lui ferait ça de moins à faire lui-même.

Un fantôme miniature était posé non loin devant lui, frémissant faiblement au gré de sa respiration. Qu’est-ce qu’il faisait là, le pauvre? Russell tendit sa main droit pour le saisir délicatement au creux de sa main, l’approchant de son visage. Il fit la moue, s’excusant mentalement lorsqu’il vit qu’il y avait fait quelques petites tâches rouge sang. Ou était-ce un effet de la lumière de son soulier? Il n’aurait su dire. Et il prit la peine de demander au petit fantôme ce qu’il faisait dans les parages; et le petit fantôme, dans sa gentillesse, s’envola pour lui indiquer qu’il était venu avec des amis. Russell se redressa sur ses coudes en grimaçant, remarquant les quelques bouts de papier toilette qui traînaient autour de lui. C’était quoi, elle s’était entrainée en lançant des bouts? Il se releva bien vite, se disant qu’en observant le rayon créé par les échantillons, il pourrait repérer avec plus ou moins de précision l’endroit où se cachait la petite. Ou, du moins, avoir une direction, un petit quelque chose. Il fit bien attention de se déplacer en faisant le moins de courants d’air possible, suivant la trace –la perdant, bien souvent, pour la retrouver plus loin. Quelque chose le tracassait, par contre; plus il avançait, plus il lui semblait que le radius dans lequel les morceaux étaient disposés ne faisait aucun sens. Elle ne pouvait pas les lancer aussi loin –et surtout, pas de l’autre côté du pilier central, c’était certain.

Il faillit baisser les bras, se disant qu’il s’était totalement mépris : elle ne lançait pas les bouts de papier d’un seul endroit, mais bien en se déplaçant. C’était la seule raison pertinente à laquelle il pouvait penser. Sauf qu’au même moment, son pied s’accrocha dans le coin d’un matelas de gym qui se déplaça légèrement, attirant son attention. Là, entre deux matelas; est-ce qu’il ne voyait pas un petit fantôme de coincé? Il le prit entre deux doigts, soulevant une partie de la pile de matelas pour le décoincer. À croire qu’il était un vrai païen, à voir des manifestations occultes partout où il allait, même dans les objets les plus anodins. Il se disait, en fait, qu’il était mieux d’être poli avec son environnement s’il ne voulait pas que sa chaussure se rebelle contre lui, mais valait mieux ne pas en parler. Une fois que cela fut fait, il grimpa sur la pile de matelas, surpris de trouver, une fois en haut, une suite à ce qu’il croyait être un mur; c’était une plate-forme! Est-ce que c’était là qu’Isaak avait trouvé refuge plus tôt?

Il n’avait malheureusement pas tout le temps qu’il aurait voulu avoir pour penser; avec un peu de chance, la petite fille, si elle était en haut, n’aurait pas aperçut la lumière qu’il produisait à chaque pas à cause de l’angle de la corniche. Cela pourrait lui servir pour avec quelques secondes encore de surprise, mais il était évident qu’elle le repérerait d’ici peu de temps, si elle était encore là. Sans plus penser, il se hissa sur la plateforme, se coupant momentanément le souffle. Et dès qu’il posa le pied sur le sol, il la vit, à quelques mètres de lui seulement, assise tranquillement sur le sol avec un nombre impressionnant de bouts de mouchoirs autour d’elle –probablement d’autres projectiles entourant du verre. Il s’avança, ne prenant même pas la peine de regarder son expression à elle avant de donner un coup de pied rageur dans les éclats de verre, la plupart tombant dans un tintement sonore en bas de la plate-forme. Il l’attrapa par les bras, la soulevant dans un mouvement rapide pour qu’elle arrive à son niveau. Heureusement qu’elle n’était pas trop lourde –mais il savait bien qu’il ne réussirait pas à la retenir ainsi bien longtemps, surtout si elle se débattait.

-Alors, mademoiselle, on s’amuse? gronda-t-il, son visage à quelques centimètres du sien. Tu sais, c’est peut-être drôle maintenant, et ça te semblait probablement être une bonne idée sur le coup, ton tour de passe-passe, mais tu as pensée à ce qui arriverait si tu avais le malheur de blesser quelqu’un? On est pas dans un jeu vidéo ici; quand tu coupe quelqu’un, il saigne vraiment, et quand tu lui donne un coup de pied au cul, il marche croche après. Déjà que cette école est assez débile comme ça, on a pas besoin que les élèves se fassent du mal entre eux, compris?

Il s’arrêta un moment, reprenant son souffle, beaucoup trop court à son goût, et ce sans raison apparente. Et puis, il y avait cette douleur à son bras droit qui l’élançait tellement que sa mâchoire lui faisait mal lorsqu’il la bougeait. Qui aurait cru que les deux étaient reliés? Il secoua maladroitement la tête, remettant ses idées en place.

-Laisse moi te dire une chose. C’est peut-être vrai qu’ici, il y a personne pour te punir, peu importe ce que tu fais. Mais un jour, t’entendras parler de pacte social, et là, pour toi, ce sera la cata. T’as quoi, quatorze ans avec l’impression que le monde t’appartient, c’est ça? Ou tu crois que les brutes feraient pas de mal à une fillette? acheva-t-il en rapprochant encore un peu plus son visage du sien, sentant son souffle directement sur sa peau. Si tu continues comme ça –pas juste ici, en ce moment- tu vas finir toute seule. Si c’est ce que tu veux, parfait. Sauf que ce serait encore mieux si tu le faisais en silence.

Lui en avait marre des brutes épaisses. Des garçons qui vous rouent de coups parce que vous aidez à faire descendre un chat d’un arbre. Des gamins qui démolissent les clôtures des vieux parce qu’ils ne peuvent pas la réparer. Un jour, ce sera eux, les vieux. Et lui, il ne voulait pas qu’on fasse du mal aux autres, surtout pas Isaak. Lui faisait du mal à la fille en ce moment. Et cette réalisation le laissa sans voix. Il la laissa tomber, perdant lui-même l’équilibre pour tomber sur le dos. Elle n’était peut-être pas si dangereuse, elle. Sauf qu’un seul petit geste –et c’était comme l’effet papillon, ça n’en finissait plus. C’était de sa faute, tout ça, probablement; parce qu’il dramatisait tout, parce qu’il était trop protecteur peut-être, et surtout, parce qu’il ne croyait pas au destin. Lorsque l’on ne croit pas à ça, tout ce que l’on peut faire, c’est croire en l’homme –et elle, elle faisait partie de l’humanité autant que tous les autres, et dans son humanité à lui, on fait le con parfois, on est bête, mais on ne fait pas mal aux autres. On se trompe, on blesse parfois, on n’arrive pas à se rattraper à temps, mais on essai. On y met du cœur. Il aurait voulu s’excuser –la petite devait avoir mal aux bras en ce moment. Mais avec un peu de chance, elle avait eu assez peur pour ne pas recommencer (s’aurait presque pu être vrai si Ash n’avait pas été un cas désespéré ><) et tout ça n’aurait pas été en vain. Il tapa faiblement du pied, éclairant dans la direction d’Ashleight.

-Yo Dude! lâcha-t-il sans cérémonie à l’intention de Thanatos, Je l’ai trouvée, ramène toi!

Il resta par terre; il était redressé, mais encore par terre, comme elle. Il donna un coup de pied vers sa frêle silhouette, essayant de ne pas manquer sa cible –ou du moins, de ne pas frapper autre chose. Il l'avait fait sans grande conviction, et ça paraissait un peu dans le résultat: sa chaussure ne trouva devant elle que du vide. Tant pis.

-Je dis ça comme ça, mais à ta place, je me bougerais, parce que si tu restes ici trop longtemps, je vais me relever et te maitriser –et là, ce sera vraiment la fin pour toi.

Information hors RP

Il reste désormais une semaine et l'event sera terminé ! Pour cette raison, les attaques sont désormais doublée. Ce qui signifie que les valeurs des dés sont multipliées par deux et les dégâts également. Cette augmentation ne prend pas en compte la valeur -5PV qui reste la même.

Cette mesure sera appliquée au prochain tour, c'est à dire après le post d'Ashleight.

Bonne chance pour la suite !

Mais elle était complètement folle cette fille! C'était pire que de parler avec Isaak de philosophie: Isaak ne comprenait pas les phrases et c'est tout. Elle, elle en comprenait parfaitement le sens, sans toutefois être capable de voir le peu de bon sens qui habitait le monde! Ce qu'il fallait pas entendre, aussi... mais il n'écoutait pas, ne se préoccupait pas le moins du monde de ce qu'elle avait à dire, traumatisé comme il était. Elle venait pas d'essayer de porter atteinte à sa progéniture, juste là? Si ça avait été le cas, elle avait heureusement ratée son point de quelques centimètres, heurtant violemment l'intérieur de sa cuisse, là où la peau est douce et si, si sensible -mais quand même moins que si elle avait touchée sa cible, il fallait l'avouer... et si ce n'était pas ce qu'elle cherchait à faire, elle ferait mieux d'éviter de faire ce genre de geste démesuré dans le noir, inconsciente qu'elle était! Il s'était roulé sur le côté, réflexe que tout bon garçon aurait eu à sa place, grimaçant en se tenant la jambe. Et à travers sa douleur, il l'entendait caqueter, caqueter, sans arrêter, pour parler de la pluie et du beau temps -et puis quoi encore? Elle se croyait à New York, dans un quartier de bas-fond? On est en Angleterre ma chère! On est au Nord loin, loin de toute civilisation... alors oui, il se permettait de croire qu'elle était vraiment conne de croire en sa théorie du plus fort. C'est quoi, elle n'avait pas comprit encore qu'on trouve toujours plus malin que soi? Oh! Mais on a bien dit que le peuple Russe trouverait à redire sur Dieu si on lui en donnait l'occasion, alors il ne voyait pas pourquoi le mal de l'Angleterre ne serait pas un tout nouvel arrivage de jeunes filles ne croyant pas à l'amour et pensant que c'était nécessaire de faire mal aux autres dans un jeu; peut-être, oui, qu'il était trop bourgeois pour comprendre vraiment de quoi elle parlait. Sauf qu'il ne faut pas mélanger ceci et cela, et qu'en ce moment, ils étaient bel et bien dans une école de petits coincés, où elle n'avait aucune, mais là aucune raison de céder à ce genre de penchant. Quoi! Il savait qu'il y avait des cas sociaux graves dans cette école -il n'était pas le moindre-, mais quand même, ils étaient vraiment obligés de se coller ce genre de brutes épaisses?

Il frissonna. Raison de plus pour vouloir quitter cet endroit le plus rapidement possible, et ce, avec Isaak. Tout ça était bien, bien trop compliqué. Parfois, il aurait préféré ne jamais le connaître, ne serait-ce que pour ne pas ressentir ce genre de remords. Et dans son petit délire -je vous avais déjà mentionné que Russell était une lopette? Il ne supporte vraiment, vraiment pas la douleur...-, c'est tout juste s'il se rendit compte qu'Ash c'était penchée par-dessus lui; il ne pu qu'être irrité de cette futile menace qu'elle lui lança, trop content qu'il était d'avoir décidé de prendre Isaak comme compagnon de vie plutôt qu'une fille. Quoique ce n'avait pas été un choix, mais disons... disons simplement qu'il était content que ce dernier ne soit pas une fille, parce que ces dernières commençaient vraiment à lui faire peur. Quoique, à ce sujet, il aurait été tout aussi heureux si l'autre avait été, disons, un transsexuel ou un extra-terrestre ou un lama. À peu de choses près, évidemment.

-La vache... marmonna-t-il en se retournant -malheureusement, il eu l'idée de le faire alors qu'un quelque chose un rien dangereux sifflait dans l'air, venant s'écraser contre sa veste. Un éclat de verre! Non mais -il avait vraiment besoin de tout répéter sur les dangers de la chose? Il grogna, enlevant délicatement le morceau pour le mettre avec l'autre dans sa poche de pantalon; valait mieux là qu'ailleurs sur le sol.

Des prés verdoyants. Ouais, pourquoi pas; penser à des prés verdoyants, comme ça, là où l'herbe bouge doucement sous le vent; étendu comme ça, avec quelques fourmis qui vous montent le long des jambes -pas des fourmis rouges, évidemment, parce que celles-là mordent. Je dirais pas non pour quelques nuages moutonneux et un arc-en-ciel qui déchire le ciel d'après-midi. Et, tant qu'à y être, quelques oiseaux qui gazouillent au loin, aussi...

Non, Russell n'était pas en train de se faire l'image mentale de ce qu'il imaginait être le paradis -enfin, si, mais pas dans le but de l'attendre du moins. Parce qu'il avait beau aimer le drame, il n'était pas encore rendu à ce point grave non plus. Il essayait juste de se distraire avec autre chose que ses propres petits bobos, parce qu'il savait pertinemment que plus il y pensait, plus il aurait mal longtemps. Elle ne pouvait pas l'avoir frappé si fort, n'est-ce pas? Il aurait pourtant juré qu'elle avait des souliers pointus, vu la précision avec laquelle sa douleur se propageait. Récapitulatif: son bras droit l'élançait, ses côtes gauches le faisait souffrir, il ne sentait plus trop sa mâchoire parce qu'il tait tombé dessus au tout début de toute cette histoire, il sentait dans sa jambe une douleur aiguë et -et il ne sentait pas vraiment son dos, ce qui était un signe criant du fait qu'il serait raqué le lendemain. Ouais; lorsqu'il allait se coucher ce soir (ou après-midi en fait), il allait dormir comme un loir, et ce pour les trois prochaines journées. Sauf que pour pouvoir se coucher, il devait se relever tout de suite et aller finir d'achever peu importe qui il restait à achever dans cette pièce qui n'était pas Isaak. Il roula sur le côté, déplaçant ainsi le mal de place pour quelques instants.

Ouais, j'aurais jamais cru que ce jeu serait aussi intense... mais peut-être que c'est juste dans ma tête, tout ça?

Il se donna un bon élan pour se remettre sur pied, chancelant un moment parce qu'il s'était levé trop vite. Il avança vers la pile de matelas, se prenant les pieds dans ses lacets avant de tomber du surplomb -pour, heureusement, atterrir dans un matelas bleu bien placé. Ça lui apprendra à ne pas attendre un peu avant de s'orienter! Heureusement qu'il ne buvait jamais hein, parce que le résultat risquait d'être catastrophique. Quoique des gens ici, il n'arrivait pas vraiment à déterminer qui serait le plus stupide une fois réchauffé... et à dire vrai, il n'avait pas envie de vérifier. Il continua distraitement sa ballade dans la salle, pas vraiment inquiéter à propos d'Ashleight: depuis qu'il avait vu sa cible clignoter, il n'avait pas entendu parler d'elle, et dans le genre subtile, il avait déjà vu mieux quand même. Aussi, sa surprise ne fut que plus grande lorsqu'il aperçut Thanatos qui se redressait, enlever un rouleau de carton de sa bouche en crachant des bouts de papier -elle n'avait pas vraiment... elle ne lui avait pas vraiment enfoncé son rouleau de papier toilette dans la gorge pour l'étouffer, quand même? Le rouge lui montant aux joues à la pensée qu'elle ait pu surprendre sa conversation avec Thanatos au tout début de la bataille. Rectification -au tout début de la partie.

-Ça va bro? fit Russell en le laissant se relever, n'osant l'aider de peur de tomber lui-même.À ce que je vois, la petite Ashleight a été éliminée... et est partie en te laissant un petit souvenir d'adieu. Je me trompes?

Il laissa un rire muet échapper d'entre ses lèvres, plus entrecoupé qu'il ne l'aurait voulut.

-Pas de chance, le taquina Russell, il a fallut que la fille la plus violente de cette école de fous s'entiche de toi. Ah, la popularité...

Ouais, y'avait pas à dire, il se sentait beaucoup, beaucoup mieux maintenant que la jeune femme n'était plus là. Et puis, s'ils allaient se démonter la gueule entre hommes, ils pouvaient quand même s'échanger une ou deux vannes avant pour la forme. Surtout que, pauvre de lui, il ne devait vraiment pas se sentir à l'aise dans cette équipe de fou. Oh! Mais Isaak et lui étaient en couple, alors il n'avait pas à s'en faire pour les avances de ce côté là. Mais quand même, pauvre petit, il allait devoir supporter de se faire suivre partout par cette fille, qui, il en était certain, était du genre à donner un sandwich-bombe à l'élu de son coeur. Il épousseta distraitement son épaule, prenant conscience du fait que ses vêtements étaient en piètre état.

-Bon, tu m'excuseras s'il-te-plais, mais je n'ai pas emmené mes gants blancs pour le duel, reprit-il en se penchant pour rattacher ses souliers, avant de simplement coincer les cordons entre la chaussure et son pied. C'était lui ou plus ça allait, plus ses doigts étaient gourds? Probablement juste parce qu'il commençait à être fatigué -et dire qu'il était supposé exténuer l'ennemi avant sa bataille finale avec Isaak! Bon, alors, selon les pouvoirs de gentleman qui m'ont été conférés à la naissance -euh, je suppose qu'on a pas besoin de vérifier qu'on est des hommes là-, je déclare que ce duel commencera au compte de trois, sans interférence extérieur, et ce jusqu'à ce qu'un d'entre nous abandonne ou soit éliminé. Il est évidement interdit de tirer les cheveux et d'exécuter tout mouvement de fillette qui pourrait déshonorer notre statut d'hommes respectables.

Ayant finit sa petite tirade, Russell sautilla joyeusement jusqu'à l'autre, ne sachant pas trop par où commencer -surtout que l'autre n'avait pas l'air prêt de bouger et qu'il le regardait d'un drôle d'air. Par habitude, il visa la cible avec son pied pour faire reculer Thanatos et, surtout, pour le faire réagir un peu. C'était qu'il avait l'air un peu amorphe ce gamin quand il voulait...

-Oh, oups, lâcha Russell en se rendant compte de sa bêtise, Ex-excuse moi dude, j'ai complètement oublié de compter jusqu'à trois, j'te jures!

Par peur de la colère de l'autre -qui aurait été tellement, mais tellement justifié vu son incompétence grave, il tourna rapidement les talons pour s'enfuir en bougeant les bras dans tous les sens, de pathétiques excuses se faisant entendre dans son sillage.

[Si jamais je ne touche pas, il suffira de dire qu'en fait j'ai attaquée avec la chaussure gauche, celle qui n'enlève pas de points, ok?]